Mobilisation contre le démantèlement de Grignon – Discours sur la Transition

 

Hier, lors de la manifestation contre le démantèlement du site de Grignon, Villages d’Yvelines en Transition a pu exposer la vision des associations de Transition devant les étudiants, les chercheurs et enseignants, les élus locaux et des personnalités politiques (Y. Jadot, D. Batho, et C. Vilani) entre autres.

Vous trouverez ci-dessous le discours, qui apporte une vision complémentaire  au projet alternatif de Grignon, en souhaitant un projet exemplaire en terme de Transition, à l’avantage des habitants du territoire, et ouvert à l’engagement Citoyen : car l’action de tous est nécessaire pour relever les défis à venir

Bonne lecture !

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Nous, Villages d’Yvelines en Transition et 6 autres associations locales présentes dans 30 communes autour du Domaine de Grignon, avons manifesté notre intérêt et notre soutien auprès des chercheurs et des étudiants pour co-construire l’avenir de ce site dans une perspective de transition écologique, économique, et citoyenne.

L’urgence et les leviers de la transition écologique sont bien connus, mais l’Etat a choisi la voie du « business as usual » en sacrifiant la pépite de Grignon, notre bien commun, au seul profit d’intérêts privés.

  • Alors qu’il faut préserver le foncier agricole, restaurer les milieux naturels et lutter contre l’artificialisation des sols, l’Etat choisit une entreprise dont le seul objet est le profit par la promotion immobilière.
  • Alors qu’il faut réduire les émissions du secteur de la construction, et ne plus construire que des bâtiments à impact positif, l’Etat n’a même introduit aucune exigence environnementale dans ses critères d’appel d’offre immobilier
  • Alors qu’il faut développer une production et des filières d’alimentation locales et diversifiées, l’Etat cède des terres sans se soucier de leur devenir. Et ce, alors même que le Projet Alimentaire Territorial des Yvelines montre  que notre production céréalière est majoritairement destinée à l’exportation en représentant 756% de nos besoins, alors que nous avons une autosuffisance inférieure à 10% pour les fruits, les légumes et la viande, et une surface agricole bio ridicule de 5%.
  • Enfin, alors qu’un bon fonctionnement démocratique nécessite en amont une implication large des parties prenantes, on constate ici que la co-construction d’un projet ambitieux tourné vers l’avenir n’a pas eu lieu. C’est pourtant ce que mérite Grignon.

Ce manque de vision de l’Etat en matière de transition locale est consternant et inquiétant pour notre avenir. Difficile de comprendre l’écart entre les discours et les actes pour les citoyens que nous sommes !

Difficile aussi de comprendre cette attitude alors que Grignon est une opportunité rêvée pour changer radicalement de cap. On pourrait y démontrer que les solutions de transition marchent en résorbant nos déséquilibres locaux, et en offrant plus de résilience aux populations autour de Grignon, quels que soient leurs revenus.

  • Grignon a tous les atouts pour être une vitrine de la transition écologique et alimentaire en circuit court. Les producteurs bio locaux sont saturés et font face à une demande toujours croissante, alors que les candidats à l’installation ont peu de chances de trouver des terres sur le territoire => Grignon pourrait apporter un changement d’échelle
  • Les cantines de nos écoles passent au bio => Grignon pourrait fournir la demande et développer des activités de transformation, permettant ainsi à notre dépense publique d’être réinvestie utilement sur notre territoire

Et autour de ce pilier agro-écologique et alimentaire, on pourrait mettre en œuvre de manière cohérente les autres piliers de la transition : mobilité durable, énergies renouvelables, sobriété, économie circulaire notamment.

En tant qu’association, nous savons aussi quoi faire pour la transition. Mais dans la réalité nous manquons

  • de locaux : pour développer épiceries participatives, ressourceries, trocs en tous genres, atelier de partage et de réparation d’objets, ou pour accueillir des conférences et des débats
  • nous manquons de terres : pour créer AMAP, et jardins familiaux
  • de surfaces pour développer des projets citoyens d’investissement dans les énergies renouvelables
  • Enfin, d’occasions : pour faire entendre notre point de vue sur les mobilités douces, entre autres

Ce manque d’opportunités limite l’impact de nos actions => encore une fois Grignon apporterait des solutions.

Grignon c’est aussi historiquement un extraordinaire espace de recherches et de transfert de connaissance. Dans ce lieu, les scientifiques pourraient innover en dehors du cadre : ouvrons-le, créons des liens entre les chercheurs et les habitants pour nous permettre de comprendre la complexité des mécanismes de la transition, voire de nous impliquer dans des protocoles de recherche ! Et pourquoi pas, en profitant de l’expérience de Grignon, innover dans les Low Tech et développer une gamme d’outils agricoles dimensionnés au juste besoin ?

L’ouverture d’un tel site permettrait la transmission des savoirs, la rencontre des acteurs et ainsi favoriserait l’éducation du plus grand nombre. Des jardins ouverts aux citoyens permettraient de reconnecter le citoyen à la terre et au respect du vivant.

Il est temps aussi de tester de nouveaux modèles. Les projets coopératifs, portés par des associations, ont démontré qu’ils apportent des solutions viables économiquement, et procurent un impact social et environnemental positif. Ils permettent aussi d’agir là où les acteurs privés ou publics habituels ne s’engagent pas.

Ce que nous voulons, c’est un Grignon fort de tous ses atouts et de l’implication de citoyens engagés dans son éco-système,   exemplaire dans la mise en place de la transition écologique dans tous les domaines, et qui génère des dynamiques collectives à l’avantage des habitants du territoire. Pourquoi ne pas développer sur Grignon un démonstrateur référent en matière de transition globale, qui véhicule une vision positive et un rayonnement local, national voire international ?

Mais avec cette décision de l’Etat, les habitants ont été spoliés de ce formidable atout sur leur territoire. ET C’EST GRAVE. Car pour réussir, la transition nécessite d’être appropriée par tous.

Il est plus qu’urgent que les décideurs publics opèrent la transition écologique dans leur propre processus de décision, et portent au niveau des territoires une vision et un projet de société durable. Il est insupportable de rater une telle opportunité alors que le temps presse et que les solutions sont connues pour un monde plus durable !

Ici, nous avons une occasion unique de développer un projet écologique cohérent et ambitieux, impliquant toutes les parties prenantes, y compris les associations citoyennes.

Vous l’avez aussi compris, et nous sommes prêts à continuer notre mobilisation à vos côtés .  Merci à toutes et à tous pour votre attention !

 

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